Genèse d'un tableau

Ca fait un moment que j'y pense, mais je n'arrivais jamais à avoir tout sous la main pour vous le présenter.

Cette fois, je m'y suis pris correctement.
Voici donc la genèse d'un tableau.

Point de départ : le sujet.
Vaste programme... qu'ai je envie de peindre ? Ne pas partir bille en tête sur mes photos de vacances ! Reprendre les exercices. Comme en sport.

En feuilletant des livres de reproductions, je suis tombé sur les Lilas Blancs d'Edouard Manet. Un des plus beaux tableaux sur le sujet.
Mais pas question de copier bêtement...

J'ai une toile 30x30cm, vais transposer...

Deuxième étape : le dessin.
Pour placer le sujet et déterminer l'origine de la lumière, je croque le sujet au fusain, sur une feuille de papier à l'échelle. Cela permet de déterminer les valeurs (ombre, lumière) et les accents : ce qui fera vivre le tableau.
Et hop ! Pour vérifier que tout va bien, on peut même transformer la photo, dans un logiciel de retouche d'image, pour la passer en négatif. Les défauts ressortent encore plus :

C'est bête, je préfère presque le négatif !

Troisième étape : Les teintes.
Enfin, on peut sortir les pinceaux et barbouiller !
Mais pas encore sur la toile ! Il s'agit de savoir quelles seront les couleurs du tableau.
Voyons, si je fais des fleurs blanches, le tableau ressemblera trop à celui de Manet. L'année dernière, c'était ma saison bleue. Cette année, j'ai commencé avec une pomme rouge... mes lilas seront roses.
Quelques touches de laque de garance, appuyées par du  jaune et du rouge de mars, de la lumière, un poil d'ombre pour voir ce que cela donne sur toute la gamme... c'est vendu !
Le vert des feuilles... ok.
Reste le fond et la table. Le rose et le vert seront chauds, le fond sera froid. Logique. Donc du bleu... j'ai justement un tube de bleu gris "old holland" dont j'aime beaucoup la tonalité. En jouant avec le sépia et un peu de turquoise, l'ensemble devrait être intéressant.

Quatrième étape : le fond.
Voilà, c'est parti : la palette, les brosses, le pot d'essence de térébenthine et on y va, à l'ancienne, maigre sur gras : Pour la première couche, on dilue la peinture avec l'essence pour permettre une meilleure accroche sur la toile et une meilleure tenue dans le temps. Faute de quoi, le tableau risque de craqueler.
Voilà mon premier essai... et la version en négatif :

Oups... pour un fond froid, c'est raté ! A force de vouloir faire des rappels de teinte du (futur) lilas, j'ai trop chauffé ! Heureusement, la peinture à l'huile permet les erreurs, il est toujours possible de rectifier le tir. (ce que je ferai pour la fleur de gauche d'ailleurs).
Dont acte :

Là, c'est un peu trop bleu outremer. Tant pis, il est tard et ce n'est que la première couche.

remarque: les différences de teinte de la toile sont dues à l'angle de prise de vue en lumière artificielle).

Et l'ambiance de travail, bien que cosy, ne donne pas vraiment la lumière adéquate.


... à suivre...